88. Putain de camion...

Figurez-vous que ce matin, en tant que membre unique de la rédaction de ce blog, je me suis autopromue rédactrice en chef. C'est une décision que j'ai mûrement réfléchie et qui n'a pas été facile à prendre. J'ai longuement discuté avec moi-même : Blog, mon beau Blog, suis-je toujours la plus STEF! ? Eh! A l'heure du numérique le miroir est assez has been, j'ai préféré interroger l'écran de mon ordi ou celui de mon smartphone. D'autant que c'est assez rassurant : j'ai cherché sur Google, je n'ai trouvé aucune chanteuse vivant en colocation avec sept nains qui subsiste en tant qu'agent d'hygiène et de propreté et qui soit plus STEF! que moi. Toujours est-il qu'après une réflexion intense, j'ai voté et je me suis élue. A l'unanimité. Tant que j'y étais je me suis aussi nommée directrice de la publication. Et rédactrice adjointe. Ça ne mange pas de pain de mie. On ne peut pas dire que tout cela soit très lucratif. mais tout de même, c'est assez gratifiant. Comme dit la Compagnie, c'est bon pour le moral, c'est bonbon... Suite à ma récente promotion j'avais dans l'idée de vous parler d'un truc léger ou frivole, pour ne pas dire complètement idiot. Après tout, c'est l'été, mes (vos?) neurones n'ont-ils pas besoin d'un entracte. Donc, après de (très) brèves recherches, j'avais décidé de vous vanter tout à trac les avantages et les inconvénients de la poussette-trottinette et d'aborder la meilleure façon d'assortir le sac à main cubi de vin (version Cabernet Sauvignon ou Chardonnay) avec votre garde robe estivale. Vous reconnaîtrez que je prends ma nouvelle fonction au sérieux et sais vous dégoter des sujets électrisants bien que pas assez pour m'illuminer le plafond avec du 220 V et pondre une nouvelle chanson désopoilante.  
Du reste la gondolade, là tout de suite... pardonnez-moi mais ça vient pas. 
Hier, au son de l'accordez accordez accordéon, fête nationale oblige, j'ai joyeusement chanté des refrains plus usés que le plus usés des vieux jeans de Gainsbourg. Sous une guirlande multicolore j'ai accompagné des couples maladroits qui s'essayaient à la valse musette. Le cœur tout en bleu blanc rouge, j'ai vu la Vie en Rose,  j'ai bu un Petit vin Blanc, j'ai fredonné la Java Bleue,  je me suis Promenée au Bord de l'eau et j'ai pris la Nationale 7.... Il faisait chaud, très chaud sur la terrasse recouverte de gazon, le thermomètre probablement. La bonne humeur, l'amitié et quelques bières sûrement un peu aussi... Sans prévenir, Youssef le pompier de garde s'est mis à danser dans son uniforme... Une vieille dame s'est levée et nous a interprété Le temps des Cerises. Plus personne n'a parlé et on se serait cru dans un film de Julien Duvivier... Quelques bières plus loin, la soirée a viré à la colonie de vacances quand l'assistance a entonné en chœur Santiano  et  Les copains d'abord... 
J'ai chanté, j'ai ri, j'ai dansé avec de parfaits inconnus. 
A 6 heures du matin, j'ai quitté ces inconnus parfaits...
Ce matin, quand j'ai enfin émergé,  j’ai hésité (pas longtemps) entre un café au Guronsan et un vieux reste de kebab froid. Il faut dire que mon estomac était un peu déboussolé après le décalage horaire de la nuit. Il s'est rapidement remis à l'heure locale quand j'ai approché de mon nez le reste de grec que j'avais voulu garder en souvenir. Bien réveillée, j'ai allumé la radio. J'ai vite regretté. J'ai brutalement découvert que la fête était bel et bien finie et qu'un illuminé avait décidé d’annuler le feu d'artifice à Nice la veille au soir. Envolés d'un coup la sensation de chaleur, d'harmonie et de bien-être... Revenus la peine, l'effarement, la colère et l'impuissance... Alors quoi? On s'habitue? Un jour Je suis Charlie, le lendemain Je suis Paris, et puis Istanbul, Bruxelles, Bamako, Orlando, aujourd'hui c'est Nice...  Et demain? Je serai quoi? J'en ai assez de cette schizophrénie. J'en ai assez de réviser ma géographie à coup d'attentats. Je ne suis personne. Je suis STEF! et Je suis triste.

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