Articles

Affichage des articles du 2020

133. Esprit, es-tu là ?

Image
Pas d'odeur d'aiguille de pin ou de cannelle, pas de parfum de vin chaud ou de chocolat chaud entre les cabanes des marchés de Noël. Pas de marchés d'ailleurs. Pas non plus de grelots ni de Ho ! Ho ! Ho ! Pas l'ombre d'une barbe blanche, d'un bonnet rouge ou d'un ceinturon sur les trottoirs déserts devant les Grands Magasins. A croire que le Père Noël est confiné lui aussi, en Laponie ou aux Seychelles, allez savoir... Peut-être même qu'il est malade sans qu'on n'en ait rien su ? Les enfants lui écrivent malgré tout avant de demander pour la centième fois si on ira voir Papi et Mamie à Cheissoux comme chaque année pour le réveillon à des parents qui ne savent toujours pas quoi répondre et lâchent, agacés, "Tu vois pas que je suis en visio !" Les supermarchés essayent aussi de nous convaincre que Noël c'est pour bientôt tandis que Mariah Carey fredonne inlassablement All I want for Christmas entre les rayons gavés de chocolats, Pan

132. Clip coton !

Image
Ça y est ! Depuis deux jours, j'ai mes règles - d'or -  sur Youtube ! J'avais un peu mal au ventre pendant le téléchargement, mais il parait que c'est normal. Enfin bon : je suis une Grande. Comme Madonna, Beyonce et Lady Gaga. Bon... Grande... Tout est question de perspective. Et de costumes. Et de danseurs. Et de brushing. Bref de moyens. Oh et puis zut ! Certaines ont simplement besoin de plus de temps que d'autres pour s'épanouir virtuellement. Et puis ma notoriété étant encore relativement confidentielle, je préfère ne pas trop brusquer les choses. Chacun a son propre rythme technologique, le mien c'est un clip tous les sept ans. Il faut savoir se faire désirer. Et avoir des abdos. Ce qui a pu accessoirement retarder les choses d'une année, peut-être deux. Le jour du tournage, pour garantir mon succès sur le Net, à l'instar de Madonna, Beyonce et Lady Gaga, j'ai enfilé body et collants sexys. Je  ne suis pas une andouillette, j'ai vu e

131. Stef Annie

Image
Le paquet n'était pas très épais.  Un étui fait maison, de deux, peut-être trois centimètres.... Il était un peu plus grand qu'une enveloppe A4 et bricolé avec du carton épais. Plusieurs tours de gros Scotch marron le protégeait soigneusement. L'expéditeur s'était apparemment appliqué mais j'avais beau chercher, son nom sur l'étiquette n'allumait aucune lanterne qui puisse éclairer les couloirs obscurs du fond de ma mémoire. Pourtant pas d'erreur possible, c'était bien mon nom et mon adresse qui figuraient sur le paquet. Bien que ce colis fut on ne peut plus suspect, je renonçais toutefois à contacter les autorités. Dévorée de curiosité, j'hésitai un instant à déchiqueter avec les dents le ruban adhésif qui l'entourait et finis par utiliser une bête paire de ciseaux avant d'écarter les bords du carton. A l'intérieur, du papier bulle protégeait encore le contenu. Rogntudju ! Mais que renfermait donc ce paquet qui nécessitait une telle

130. Rentrée au bercail

D'habitude, j'aime bien ça, moi, la rentrée. Retrouver mon petit chez-moi, demander des nouvelles du quartier à la concierge. Ou l'inverse. J'aime bien ça, reprendre mes petites habitudes, d'habitude. Faire mon jogging du matin... écrire mon blog... aller chercher ma baguette bien cuite à la boulangerie... Parfois, le bronzage éclatant en bandoulière, je pouffe même sournoisement, entre les croissants et les pains aux chocolatine, devant le teint meringue immaculée de la vendeuse...  Tous les ans, histoire de remplir le frigo resté désespérément vide pendant que je m'empiffrais à l'autre bout de la France de brochettes, de gambas, de glaces ou de gaspacho, je retourne mollement au supermarché. Sous les néons du Monoprix, je me sens à l'étroit et je regrette le brouhaha et les couleurs des marchés ensoleillés de la Drôme. Un léger parfum d'huile de Monoï et de  bougies anti-moustiques persiste entre les allées et me ramène un instant dans le Sud jusqu

129. Quatrevingt-treize

Chers amis, je ne vais pas y aller par quatre chemins (c'est déjà tout juste si j'ai réussi à en trouver un !) : hier, j'étais à B. C’était ce qu'on appelle une expérience. Pour la parisienne que je suis, partir en banlieue, c'est partir en voyage. La banlieue, très honnêtement, je connais un tout petit peu.  Et puis, je l'avoue, surtout les banlieues de fiction, bourgeoises, modestes, populaires... La vie est un long fleuve tranquille... Tout ce qui brille... L'esquive... Divine... Les Misérables ....  Mais en vrai de vrai, Les Misérables jusque hier je ne connaissais pas du tout du tout... Cette année, épidémie oblige, on ne tracte pas sur le Pont d'Avignon, à moins de livrer des quatre fromages ou de proposer 20% sur les épilations demi-jambe. J'occupe donc mon mois de juillet à sillonner la Seine Saint Denis pour lire des livres aux enfants. Ils n'ont quasi pas eu d'école, ils n'ont pas eu de copains, ils n'auront pas de vacances

128. Immonde d'après

Image
Dites, c'est moi ou bien le monde d'après ressemble furieusement au monde d'avant ? Moi qui suis d'un naturel plutôt optimiste, ces jours-ci ma sinistrose approche celles de Houellebecq et Duras réunis, d'ailleurs j'ai carrément tendance à voir la vie en morose. Pendant deux mois, on nous a rabâché à longueur de bulletin d'informations que désormais, tout serait différent, que ce virus, tel un électrochoc, allait nous métamorphoser, faire de nous des gens meilleurs. Eh bien c'est réussi ! Il y a dû y avoir une légère erreur de pronostic, parce que le monde d'après ressemble comme deux gouttes de Contrex à celui d'avant. Je lui trouve un sérieux air de déjà vu et même un air chargé de particules fines revenues dare-dare agresser nos poumons aussitôt que le trafic urbain s'est remis en marche. Eh ben alors ? je croyais qu'on devait tous se mettre au vélo ? Moi je croyais qu'après la rue de Rivoli à bicyclette, on allait pagayer sur le

127. Déconfiture...

C'est affreux. Je crois que j'ai raté mon confinement. J'aurais dû être plus vigilante, prendre plus de précautions. Certes je suis restée consciencieusement cloitrée chez moi à quelques courses près et pour lesquelles je n'ai pas manqué de remplir mon attestation, je me suis masquée en sortant, lavé les mains en rentrant, j'ai tapé des mains (propres !) à la fenêtre et j'ai même fait un peu de bénévolat... Mais pour le reste, zéro, j'ai tout foiré. C'est hier soir que l'évidence m'est apparue brusquement alors que je faisais défiler les photos parfaites de ma timeline Instagram. Résultat, je n'ai pas fermé l’œil de la nuit. Depuis hier soir, je n'ai pas le choix, je dois regarder la réalité virtuelle en face : j'ai la loose du confinement. Chacun de mes gestes ne fait que me confirmer mon échec. Ce matin par exemple, j'enfile mes baskets pour aller courir, comme tous les jours ou presque depuis 8 mois. Hors le 23 mars, d

126. Prise de tête

Image
Vingt-huit jours déjà depuis le début de cet improbable scénario. Sans être une grande amatrice de film catastrophes, je sais toutefois reconnaître une production de qualité et force est d’admettre que bien que tout soit réuni pour tenir le spectateur en haleine, l'intrigue autant que les moyens, malgré les nombreux rebondissements, je trouve - à titre tout à fait personnel - que l'histoire manque d'action, qu'elle s'enlise un peu et traine en longueur (sans parler des acteurs !). Bref ce compromis entre  Le septième sceau  et Un jour sans fin , ne me convainc pas franchement...  Depuis quatre longues semaines, et comme une bonne partie de la population j'imagine,  je suis devenue accro aux informations. Dès le réveil, il me faut ma dose de Café-Corona (le virus, pas la bière). Mais c'est agaçant, les salles de rédactions n'ont pas la rigueur des auteurs de Netflix et le feuilleton de l'épidémie manque sérieusement de fiabilité. J'ai ainsi

125. Pourquoi tu tousses ?

T'as toussé là, non ? J'ai pas rêvé, t'as toussé ! Ne fais pas l'innocente, je t'ai entendue ! Alors, moi, en toute confiance, je t'ai offert l'hospitalité, je t'ai accueillie sur mon canapé, je t'ai déroulé ma plus belle couette Ikéa, et toi, sournoisement, tu te pointes la quinte en bandoulière et tu craches tes glaires louches dans mes draps cent pour cent coton bio ? T'es vraiment qu'une vieille canaille ! Dégueu de surcroit. Allez, hop, hop, hop ! Tu me remballes tes crêpes et ton sac à dos et tu retournes dare-dare à Saint Tugdual ! Je le sais bien que c'est moi qui t'avais invitée pour le weekend mais mon plan c'était pas une soirée Coronana ! Alors ouste, plan d'évacuation sanitaire ! Comment ça qu'est-ce que je fais ? Y a pas la tévé ni les zinternet dans le Morbihan ? Je m'asperge, tiens ! C'est tout ce que j'ai sous la main : de l'eau et du rhum,  y a pénurie de gel hydro-alcoolique, alors je f

124. Comitial-out

Chaque jour du calendrier a son saint ou sa sainte et... sa journée internationale, ou presque. Il y a les plus célèbres comme la Journée Internationale des Femmes (appellation officielle de l'ONU) ou la Journée Mondiale Sans Tabac , les plus jolies comme la Journée Mondiale du Bonheur (merci l'ONU itou) ou celle du Livre pour Enfants (à l'initiative de l'UNESCO) et celles pour le moins insolites dont l'intitulé laisse perplexe comme la Journée Internationale des Toilettes (qui s'avère être une véritable cause!) ou plus déroutante, la Journée Internationale du Parler Pirate ! En ce lundi 10 Février, la journée ne sera ni célèbre, ni jolie, ni insolite puisque c'est la Journée Internationale de l’Épilepsie . C'est moins glamour que la Saint Valentin et hélas, beaucoup moins lucratif. Il faut dire aussi que l'intitulé - pas la cause - laisse à désirer. En général, les journées internationales c'est contre les maladies :  contre le cancer,

123. Tour de crasse

Image
Cher résidu de détartreur rouillé,  Hier soir, je me réjouissais de  passer pour la première fois de l'année un agréable moment en compagnie de mon ami Laurent à la Maison Plume au 61 de la rue Charlot (Paris 3ème) avant d'aller dîner. Oui, je fréquente les pâtisseries avant d'aller dîner, et alors ? Tu fréquentes bien les coins de rues obscurs, est-ce que je te juges moi ? Quoique nous ne nous connaissions pas, j'aurais eu plaisir à te faire découvrir les créations sans sucre et sans gluten de Tara, la jeune propriétaire, les unes s’avérant tout aussi savoureuses que l'autre. Autour d'une tasse de thé fumant, nous aurions partagé une tarte... deux si tu es aussi gourmand que moi et peut-être même une galette, épiphanie oblige. Entre les tables dépareillées et les chaises rempaillées de ce petit cocon rassurant, nous aurions appris à nous connaitre... Je t'aurais raconté les joies, les doutes, l'excitation de la vie d'artiste et tu aurais promis