115. Les frites, c'est chic!

D'abord.... D'abord y a la pluie... Celle qui te fouette le nez...  Qui tombe sans s'arrêter... Des petites gouttes glacées, probablement frustrées d'avoir été recalées au casting des flocons de neige, et qui se vengent en te postillonnant sans relâche au visage. Bienvenue à Bruxelles, pfft! Charmant accueil... Bruxelles, du néerlandais Broek-Marais et Sali-Habitation d'une seule pièce. Ça n'est pas que je sois particulièrement calée en néerlandais, mais  après avoir fait pipi (plassen), je sirote mon café au Texaco de la N5 tout en feuilletant le Guide de conversation néerlandais - Les phrases les plus utiles d'après Andrey Taranov disponible pour 8€ seulement. Certes, nous sommes encore à 150 kilomètres plus ou moins de l'autre pays du fromage mais c'était ça ou bien Réfléchissez et devenez riche de Napoléon Hill et d'une part les émanations d'éthanol ne m'ont jamais incitée à la réflexion, d'autre part, à quelques kilomètres de Waterloo, un bouquin signé Napoléon ça m'inspirait moyennement confiance.
Bref je peaufine mon néerlandais. On ne sait jamais, ça peut servir. Des fois que je croise Dave... Du côté de chez Swann ou de la pompe Diesel... Je pourrais toujours lier connaissance : Goedendag, Dave, ik ben vegetarisch ! Je ne suis pas végétarienne, mais Andrey ne précise pas comment signifier à son interlocuteur que l'on est omnivore..
Et puis ne jetons pas le parpaing à Andrey, si je me fie à lui Bruxelles-Broeksali serait donc en quelque sorte le F1 des marais et si c'est à la météo que je me fie... c'est assez cohérent. Avouons qu'au niveau marketing tout ça n'est pas très engageant et que les chargés de com' ne devaient pas être particulièrement inspirés à la séance de brainstorming Un nom pour la cité parce qu'avec un nom pareil, quand bien même Broeksali possède de nombreuses commodités, un fort potentiel et le charme de l'ancien, Stéphane Plaza lui-même aurait du mal à trouver un acheteur pour une ville baptisée la turne marécageuse.
Me voilà pourtant Belge pour deux jours et le baromètre a beau osciller entre humide et mouillé, je suis à deux doigts de me mettre en T shirt tant la chaleur humaine locale compense la dépression la tendance suicidaire climatique. Jean-Claude Van Damme Donald Trump l'a dit lui-même : "la Belgique est une ville magnifique." Je ne peux que l'approuver. J'avoue qu'au premier ras-bord, j'ai pensé (j'étais encore en état!) les Belges ont beau être le plus brave de tous les peuples de la Gaule (Source : Astérix chez les Belges, René Goscinny, Albert Uderzo, Éditions Dargaud 1979 NDLR) ils ont tout de même l'air un brin radins à te claquer une mono bise, aller à la toilette (en vrai, c'est pareil que les nôtres mais au singulier) et à te faire sortir le porte-monnaie chaque fois que t'as envie d'y aller, à la toilette. Mais tout ça, c'est rien que du plassen de chat. Je ne sais pas si les Belges sont vraiment les plus braves et d'ailleurs je m'en fous comme de ma première otite, quant à savoir si ce sont les plus sympas, personnellement je les mettrais bien dans le solo de tête. A commencer par ma pote Margot, championne du stylo plume, et Pierre champion du Gland (je précise qu'il s'agit d'un restaurant...). Stef! chante au Gland, j'ai connu des affiches plus flatteuses... Des publics plus nombreux aussi...  Mais des soirées chaleureuses teintées d'accents belges, espagnols et français, généreusement arrosées de bière et de vin naturel et qui finissent en débats littéraires et en remake de  La merditude des choses avec de parfaits inconnus, pas beaucoup. Il manquait peut-être les fricadelles sur les pizzas (pour la couleur locale, hein? Pas pour les estomacs!), mais pas la camaraderie ni la bonne humeur et pour un peu j'aurais presque oublié d'aller me coucher! C'était sans compter la soirée qui m'attendait le lendemain au Monty. Après une chouette balade sous le ciel liquide (ou livide, selon ce que t'as pioché au Scrabble) bruxellois, j'ai pris la direction de Genappe et de son ancien cinéma transformé en lieu culturel alternatif, invitée par mes deux poteaux, Ju' et Payot. Il y a dix ans, je fêtais pour la première fois mon anniversaire sous le drapeau belge. Dans le jardin de Ju', Margot était là déjà, l'économe à la main, et je me revois souffler mes bougies entre les barquettes de frites, le Zizi Coincoin et la sauce Samouraï.  Qui eut cru qu'aujourd'hui, je serais sur le point de remettre ça (Saint Smecta priez pour moi!) ? Pas moi ! Dix ans ont passé... Où ça ? Le décor (et le menu, Dieu merci!) a changé peut-être, mais la scène est quasiment la même... tout le monde est assis près de la cuisine... quelqu'un se lève et va mettre un disque... un autre ouvre une bouteille... on discute de tout... de petits riens surtout... on profite de se voir... on s'aime un peu en vrai... sans écran... juste quelques heures, à la sauvette... jusqu'à la prochaine fois... c'est bon... un peu con aussi...
Bientôt le concert. Il faut se mettre en route. Dehors, Jupiter continue de pleurer... Je m'en fous de la pluie. Comme dit le proverbe, Vieille amitié ne craint pas la rouille...
Demain je reprends la route, mais je reviens, c'est certain. A tantôt les copains...

Commentaires

  1. C'est sacrément bon de te lire, la Stef...d'autant plus que j'aime beaucoup cette ville où j'ai traîné un peu, fait des ateliers d'écriture, de la lecture, côté Anderlecht… J'ai gardé le souvenir de quelques jours en décembre et sapristi, qu''est ce qu'il faisait froid ! Allez je te bise fort pour cette échappée belle à grands coups de frites ! Claude Juliette

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire