147. C'est pas le Pérou
Jusqu'à encore pas si longtemps, je n'avais jamais entendu parler de Pedro Castillo. Vous me direz, je ne m'en portais pas plus mal : aucun panaris, aucun abcès dentaire, rien. Et puis figurez-vous qu'entre deux cuites, des copains me disent : tiens, si on allait au Pérou ? Moi, je ne suis pas contrariante. J'aime bien faire plaisir. Surtout après quelques Jamaican Mule bien frais. Ni une, ni deux, en moins de temps qu'il n'en faut pour taper le code de ma carte bleue, me voilà avec un aller-retour pour Lima, des réservations en pagaille, un Guide du Routard tout neuf et les Carnets du Pérou de Fab Caro, histoire de me mettre en condition et puis de rigoler un peu. Je ne saurais que trop vous recommander ces Carnets, même surtout si vous n'avez aucun projet d'aller découvrir Arequipa. Mais revenons à nos lamas. Le départ était prévu quatre mois plus tard en janvier donc. Pour célébrer mes cinquante ans, le Machu Picchu, comme décor, il y avait pire. J'allais arroser ça au Pisco avec les copains, ça allait être estupendo ! On dira ce qu'on voudra, les cuites ça a du bon.
C'est début décembre que France Info et accessoirement l'infirmière qui m'a vacciné contre la fièvre jaune et tant qu'on y était l'hépatite (Noël approchait ou bien j'ai une tête à aimer les shots ?) m'ont appris l'existence de ce brave Pedro. Enfin brave... Façon de parler. Après trois tentatives, el pobrecito venait d'être destitué de sa fonction présidentielle et comme il devait avoir un peu la grosse tête sous son bonnet péruvien, il a décidé de dissoudre illico le Congrès histoire d'éviter ladite destitution. Pas con. Enfin si. Parce qu'apparemment, son plan n'a pas trop marché et qu'il s'est finalement retrouvé en prison. Toujours est-il que depuis... es la mierda ! Les Péruviens réclament de nouvelles élections, la police s'en prend aux
manifestants, des dizaines de touristes sont bloqués au Machu Picchu... Ceci étant, il semble qu'un coup d'état ne constitue pas une raison valable pour qu'on nous rembourse certaines de nos réservations... Ils ont le sens de l'humour chez American Express. D'ailleurs c'est plus American Express, c'est American Laspales ! "Y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes..." ? Je confirme. On a essayé, on a des sacrés problèmes pour se faire rembourser ! Lol (pardon). Bon... je reconnais que ma situation est moins grave que celle des Péruviens, mais tout de même... Je vais attendre que ça se calme un peu et j'irai leur rendre visite à la première occase, aux Péruviens !
Enfin comme je n'allais tout de même pas fêter mes cinquante ans au fin fond de la Creuse ni au Clairon de la Porte des Lilas, j'ai bien réfléchi (pas trop longtemps non plus parce que les prix des billets commençaient à s'envoler plus haut que les Airbus eux-mêmes !) et ni une, ni deux, j'ai tapé le code de ma carte bleue et pris un aller/retour pour Athènes. De l'huile, du théâtre, des ruines, je me suis dit : mais c'est tout moi ça ! Stéphane, rescapé du sinistre péruvien, a décidé de m'accompagner. Dans l'avion, quelque part au-dessus de Nice ou de Rome, un cours de 4ème B a surgi d'un recoin de ma mémoire : les noms dont le nominatif se termine en os ont leur pluriel en oï... Stephanos... Stephanoï... Les couronnés... Et je me suis redressée sur mon siège.
Durant huit jours, nous avons exploré l'Acropole et son Musée, Plaka, le marché aux poissons, le Lycabette, Egine, la Fondation Goulandris, le lac Marathon. Nous avons mangé de la féta, du poulpe, de la dorade, bu moult Assyrtiko et évité l'Ouzo avec soin. Le soir de mes cinquante ans, j'ai bu du Champagne avec Stéphane au pied de l'Acropole. Je suis rentrée un peu ivre à l'hôtel. Juste ce qu'il faut. Le lendemain je me suis réveillée, prête à à attendre la prochaine bougie, le prochain gâteau, le prochain voyage... Il ne m'aura pas fallu attendre longtemps ! Je pars demain pour Naples. Je sens que ça va me plaire la cinquantaine !!!!
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