79. Ne pas rentrer

Comment ça? Déjà? Mais... Mais non! Mon maillot n'a même pas eu le temps de sécher! Alors sous prétexte que Bison Futé voit rouge ce weekend, il faudrait en conclure que les vacances sont finies? De deux choses l'une, ou bien il n'est pas très fut' fut' le Bibi, ou bien il faut qu'il consulte un opticien! Le thermomètre affiche 35°C, la piscine 26°C, pas un nuage ne vient s'interposer entre le soleil et mon bronzage, les lauriers n'en finissent plus de fleurir, le teint rougeaud malgré le Bob, quelques Hollandais égarés continuent de déambuler le long des ruelles de Dieulefit, le Rosé (tiède) est encore en promo au Super U et brochettes et merguez continuent d'embaumer les barbecues alentours, c'est tout dire!
Alors ok, il se peut que Bison Futé soit père de famille et qu'il doive s'occuper de la rentrée scolaire de ses... de ses... de ses quoi d'ailleurs? Ses bisotons? Ses bisonceaux? Comment on dit? C'est bien la peine de se presser de rentrer à l'école, même Google est incapable de répondre, bravo! Bref, s'il doit rentrer remplir les cartables Minions de ses bisotrucs, qu'il voit rouge, vert ou violet le bison daltonien, ce n'est pas mon problème. J'y suis, j'y reste. Même si les melons sont (un peu) moins sucrés et que les étoiles filantes ont filé... Même si Patrick Cohen est de retour sur France Inter. Même si Amélie Nothomb publie (encore!) un nouveau roman. Même si j'ai trouvé mes impôts dans ma boîte aux lettres. Même si Marie-Claire m'aide à choisir un sac tendance pour la rentrée. M'en fiche. Pourquoi je devrais rentrer? Un sac j'en ai déjà un. Et puis je n'ai pas fini de lire Le complexe d'Eden Bellwether. Nous sommes d'accord que je suis quand même plus au calme ici pour connaître la fin? Bon. Même la SNCF veut que je reste dans le Sud! Je n'invente rien : pour le même trajet, dans une semaine à peine, elle baisse gentiment le prix de mon billet de 154€ à 43€. Avouez que c'est adorable! Je ne peux quand même pas risquer de la vexer en partant trop précipitamment. Et mes nouveaux amis locaux qui m'invitent à boire des diabolos PAC à la terrasse désertée du Jean's Café? Qui leur chantera du Michel Delpech et du Daniel Guichard pendant qu'ils grignoteront leurs cacahuètes si je m'en vais? Hein? Qui? Je ne peux tout simplement pas gâcher leurs derniers apéros de l'été! Ils m'en voudraient et cela compromettrait mon prochain séjour chez eux à Marseille! Et puis il y a aussi les copains qui sont déjà rentrés, que ce soit à Paris ou ailleurs. C'est important pour eux que je les nargue encore quelques jours depuis le bord de la piscine. Comme ça, un petit peu, sans méchanceté... Ça leur montre que je pense à eux, que je n'oublie pas qu'ils ont soit un temps pourri, soit repris leur boulot, ou même qu'ils ne sont pas partis du tout en vacances et ils sont touchés de cette petite attention... Et puis si je rentrais plus tôt à Paris, je porterais un préjudice à l'économie locale. Bon, pas énorme le préjudice, mais quand même... Eh! Je n'irais ni au marché, ni au spectacle, ni à l'accrobranche, je ne ferais pas de randonnée à cheval. Non, vraiment, c'est important que je reste en vacances. Pour moi, pour mes amis, pour la Région Rhône-Alpes!
Soyez donc rassurés, je lézarde consciencieusement au bord de la piscine encore quelques jours.

Au fond, j'ai beau savoir que Bison Futé a raison, et qu'il est temps de faire les valises et de rentrer me remettre au travail, j'ai beau être impatiente de reprendre le chemin incertain des cafés-théâtres, des cabarets et des bars à chansons, j'ai beau avoir hâte de reprendre ma plume pour signer blogs, pièces et chansons, tous les ans, j'ai bien du mal à me dire que les vacances sont finies, qu'il faut quitter ce décor magnifique parce que c'est la rentrée....


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