87. Crache misère

Maintenant ça suffit ! Oui, je sais, il y avait longtemps depuis mon dernier coup de gueule, mais que chacun se rassure, je vais me rattraper! Alors, c'est parti, accrochez-vous aux branches, ça va pas être triste, parce que j'en ai vraiment ras le Nespresso.
Je m'en vais d'abord vous narrer l'origine de mon juste courroux (coucou) par le menu (menu).
A défaut de l'autobus S, qui n'est plus en service depuis une paye, je prenais l'autre jour le métro. Ce sont des choses qui arrivent quand on est parisienne. Ou toulousaine, ou marseillaise soit dit en passant. En l’occurrence j'avais choisi le bleu de la ligne 2 direction Nation pour les ceusses que mes trajets souterrains passionneraient, même que je changeais à La Chapelle, histoire d'ajouter encore au folklore. Jusque là, vous avouerez que niveau scénario, on est loin de Piège de cristal.
Je longeais donc paisiblement les couloirs souterrains découvrant au hasard des affiches que Maître Gims assurait la bande originale de CAMPING 3, alliant ainsi le supplice musical au calvaire cinématographique ou encore que Michel Drucker serait dès la rentrée prochaine Seul... avec vous sur la scène des Bouffes Parisiens, me faisant au passage cette réflexion qu'à son âge, j'apprécierais plus volontiers qu'il restasse seul certes, mais chez lui.
J'en étais là de mes considérations quant à la richesse de notre beau paysage culturel et je m'apprêtais à grimper prestement et en souplesse - je me suis remise au sport - l'escalier qui mène au quai aérien quand (attention, préparez-vous, ça va secouer) un homme (un porc?) me bouscule brutalement. On bouscule rarement avec délicatesse, je sais, mais bon, j'essaie de créer un climat alors mettez y un peu du vôtre. Je reprends. Par les temps qui courent, je ne m'attendais pas à ce que l'individu (le pourceau?) demande pardon, ne rêvons pas. Mais je dois avouer que, même si les temps courent très vite, je ne m'attendais pas non plus à ce que ce bougre de cochonnou me crache dessus!!!! Oui, vous avez bien lu, cet individu immonde m'a CRACHE dessus! Oh attention, hein? Pas exprès. Non, non. Comme ça négligemment, en passant. Pour la beauté du geste sans doute. Son jet de salive blanchâtre a fendu l'air, dans un arc de cercle quasi parfait, et est  malencontreusement venu s'écraser sur le bas de mon jean propre. En effet, de nos jours, à l'instar des sportifs, certains messieurs (??) trouvent qu'il est "tendance" de cracher à tout vent. Eh bien vous saurez désormais que lorsque vous sortez d'une bouche de métro par temps - très - mauvais et que précisément, le vent est d'autant plus mauvais  qu'il est contre vous, lorsqu'on vous crache dessus, cela vient tout naturellement se coller sur le bas de votre pantalon et dégouline ensuite lentement sur vos chaussures. Quant à d'éventuelles excuses, encore une fois ne rêvons pas, il n'était pas question. Sa Majesté des Glaires a poursuivi son chemin, allégée des 5ml de l'écume baveuse qui encombrait vraisemblablement sa bouche et venue mollement s'échouer sur le rivage de mon ourlet. Ecrit comme ça, ça a l'air poétique, mais en fait c'était juste dégueu!
Dans un élan de  solidarité superbe,  je me dis qu'une telle mésaventure pourrait vous arriver un jour, et ce, même si vous habitez Roubaix ou Saint-Just-en-Chaussée et que vous ne prenez pas le métro. Je souhaite donc partager avec vous cette toute nouvelle (fraîche?) expérience afin que vous ne vous laissiez pas surprendre.
D'abord, il est probable que vous ne pourrez momentanément plus bouger, immobilisé que vous serez par un incommensurable dégoût. A peine si vous oserez jeter un œil à l'infâme spumation. Vous hésiterez sans doute un instant devant l'opportunité d'ôter prestement (grâce à votre récent entraînement sportif) et dans un espace public votre pantalon souillé.  Puis, dans un éclair de décence plus ou moins bienvenu, vous vous raviserez. Une pulsion haineuse s'emparera alors subitement de vous. Sur le quai, vous chercherez le responsable de votre déchéance visqueuse car l'envie de lui crier toutes sortes d'insultes colorées et de lui rendre la politesse en lui vomissant l'intégralité de votre Chirashi saumon de midi sur les chaussettes vous effleurera sans doute. Lorsque finalement vous identifierez l'Empereur du Mollard de l'autre côté du quai, si vous êtes femme et que vous ne pratiquez aucun sport de combat, vous renoncerez sans doute et vous contenterez de jurer piteusement "le connard!" en boucle jusqu'à l'arrivée de la rame. Si vous êtes homme et prompt à la castagne, le scénario change légèrement et vous jurerez : "Ça va chier!" avant d'aller faire bouffer ses glandes salivaires au lama du quai d'en face (avec ma bénédiction cela va de soi). Au final, que vous soyez homme valeureux ou femme poltronne (ou l'inverse!), vous poursuivrez votre route, tout en croyant percevoir la moiteur du glaviot transpercer l'étoffe de votre jean et courir doucement le long de votre mollet. En chemin, vous réaliserez que si Léo Ferré s'était pris un crachat gluant en pleine poire, il aurait peut-être trouvé ce "pèlerin gélatineux et froid" un peu moins poétique et renoncé à en faire une chanson...
Une fois chez vous, vous enlèverez dare-dare chaussures, chaussettes, jean et dans un comportement complètement irrationnel, tout le reste par la même occasion, vous hésiterez quelques secondes devant la poubelle avant de faire tourner illico une machine avec double dose de lessive. Enfin vous vous précipiterez sous la douche où vous resterez pendant une bonne demi-heure en envisageant de troquer exceptionnellement le gel douche contre le Monsieur Propre ou le White Spirit.
Hélas,  il me faut vous prévenir que malgré la douche et les vêtements propres, malgré le thé bien chaud pour retrouver votre calme, sans que rien ne puisse l'expliquer, l'étrange sentiment d'avoir été sali ne vous quittera pas. Un bref instant vous pourriez même devenir philosophe et vous interroger : "Ne faut-il pas voir dans cet événement un symbole de mon insignifiance? De ma médiocrité? Méritai-je ce crachat?"
A ce stade, il ne vous restera plus qu'à faire confiance au temps. Et à la médecine. Des fois que auriez chopé la tuberculose!
Voilà, je souhaite sincèrement que cette petite fiche préventive ne vous sera jamais d'une quelconque utilité, mais sait-on jamais.
Une prochaine fois, grâce à mon amie V. nous verrons comment il convien(drai)t de réagir quand un tocard/relou/gros nase (rayez les mentions inutiles) vous persécute à une heure tardive dans le métro en vous comparant à un crustacé brésilien. C'est promis. Juré craché!

Commentaires

  1. Ah !!! C'que c'est cracra !!! Douche au white, oui, bon, ben, bof... Quelle outrecuidance, n'empêche...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire