91. 50678

Je me frotte les yeux mais non, ce n'est pas une blague on dirait. 
50678. 
Dommage, ce n'est pas le montant de mon crédit bancaire. Par contre, ce n'est pas le montant de mon découvert, l'un dans l'autre j'ai donc plutôt lieu de me réjouir et - si par hasard il lit ces lignes - mon banquier aussi.
50678, ce n'est pas non plus mon code postal, il s'avère cependant que c'est tout à la fois celui de Cologne en Allemagne, de Los Lobos au Mexique et de Uncastillo aux Etats-Unis. A retenir... qui sait, ça peut servir? 
50678, c'est également le nombre de kilomètres qu'affiche le compteur de la HYUNDAI i10 automatique d'occasion que vend Monsieur Lecroulant pour la somme raisonnable de 14600€, sans préciser toutefois si ladite HYUNDAI croule elle-même, à l'instar du patronyme de son propriétaire.
50678, c'est en outre le nombre de points qu'il vous faut récolter au jeu vidéo écologique Le royaume des plantes avant de devenir le Seigneur de l’Écosphère et pouvoir commencer à emprunter les corridors écologiques qui vous permettront d'accéder aux réservoirs de biodiversités. Le genre de "jeu" éducatif qui, personnellement si j'avais dix ans, comme c'est inscrit sur la boîte, m'inciterait plutôt à m'étouffer avec un sac plastique qu'à le recycler! 
Mais 50678, aujourd'hui, à 16h12, c'est surtout le nombre de fois où ce blog s'est affiché quelque part, sur l'un de vos écrans, pour faire l'objet de l'une (ou plusieurs?) de vos lectures fidèles ou hasardeuses, curieuses ou affectueuses, oisives ou même, paraît-il studieuses. J'en profite d'ailleurs pour vous saluer amis québécois qui bûchez sur moi, je vous embrasse, ou plutôt, je vous donne de gros becs! 
50678... Moi... moi... eh bien moi, quoi? Moi, ça me fait quelque chose! Moi, je n'en reviens pas! Depuis cinq ans, j'écris ce qui me passe par la tête avec le cœur beaucoup, avec les doigts forcément et avec les pieds des fois, mais j'écris surtout comme ça vient, sans trop réfléchir. C'est vrai qu'il s'en passe des choses dans ma folle de tête! Tantôt dans les nuages, tantôt dans le guidon, parfois dans le sable quand elle n'est pas carrément sous l’eau, j' me la prends la tête, j' me la creuse profond, j' la baisse quand il faut, je la relève quand je peux, et puis voilà qu'elle me tourne, qu'elle me tourbillonne comme un panoramique à 360°, parfois j'en change et même ça m'est arrivé de la perdre! C'est Bouglione ma tête! Ou Romanes... ça dépend des jours, de la météo, des nouvelles et puis bien sûr, de la musique qui trotte dedans. Quand la musique est bonne bonne bonne comme dirait l'autre, ben je fais une chanson son son... Mais sinon, quand la BO n'est ni Nino Rotta ni le No Smoking Orchestra, je blogue... 
Bizarre ce mot. Moche même... Je ne m'y fais pas. Ça me rappelle ce film d'horreur, le Blob. Beurk! Ou bien une une éruption de boutons suspecte! Je blogue encore? Zut! C'est pas une allergie au moins? Ou bien de l'acné? Ça existe le Blogactol? C'est vrai que quand on blogue, on a facilement des sautes d'humeur... Haaan! Est-ce que tout le monde se moque de mon blog dans mon dos? Est-ce que ça passe avec l'âge? Je ne crois pas. On dirait même que ça s'accentue. Bah tant pis, après tout,  je crois que j'ai pas tellement envie qu'on me la soigne, ma bloguite...  
C'est pas si mal ce petit retour en adolescence. Bloguer c'est comme tenir une sorte de journal intime qui serait pas intime du tout puisque, à l'ère du numérique, tout le monde peut lire ta vie. De toute façon cette notion de journal intime était déjà très relative il y a... il y a... bon disons il y a quelques années, à l'ère du règne des papivores. La seule différence c'est que avec le numérique, ce n'est plus seulement ta mère qui risque de tomber "par hasard" sur tes révélations au choix, douteuses ou sensationnelles en changeant la housse de ta jolie couette à chatons ou têtes de morts. 
Au passage j'en profite pour ouvrir ici une petite parenthèse à l'attention des ados égaré(e)s qui liraient ce post. D'abord les couettes à chatons ou à têtes de morts c'est affreux. Dans le doute optez pour du uni. Même du marron. Ensuite sachez que, malgré de trompeuses apparences, l'espace entre le sommier et le matelas constitue la plus mauvaise planque qui soit pour votre journal, vos clopes ou le soutien-gorge que vous avez piqué à Tante Odile (ou tout autre objet que vous considérez comme intime). Un objet, quel qu'il soit, placé à cet endroit précis a pour vocation d'être découvert par, selon les cas et par ordre de vraisemblance : 
  1. Un parent exaspéré que vous ne rangiez jamais votre chambre
  2. Un(e) employé(e) de ménage engagé(e) pour remédier à l'exaspération récurrente (et très certainement grandissante) décrite dans le cas n°1
  3. Un frère, une sœur, ou tout autre individu manifestement animé de mauvaises intentions à votre égard. 
Une telle trouvaille ne peut dès lors pas être considérée comme une violation de la vie privée. 
A votre âge, si vous voulez vraiment qu'on vous foute la paix, commencez donc par ranger votre chambre et par changer votre horrible couette vous-même! Et puisque vous tenez tant à écrire, mettez vous donc au blog et publiez donc votre vie privée en ligne! Vous éviterez à vos parents de retourner votre chambre afin de tout savoir de vos déboires sentimentaux et de vos névroses rimbaldiennes. Enfin, si vous ne savez pas ce que "rimbaldienne" veut dire, planquez donc plutôt un dictionnaire Larousse sous votre matelas pour changer. Là-dessus, je referme cette parenthèse. 

Tout ça pour dire que depuis cinq ans, à Paris, Strasbourg, Genève, Québec, Tel Aviv et même à Charlottesville, 50678 personnes ont cliqué sur moi et que c'est dingue!
Que depuis cinq ans, je reçois des jolis mails d'ici et d'ailleurs, d'amis et d'inconnus, que chaque fois ça me fait tout doux et que je ne m'habitue pas.
Qu'après cinq ans, j'ai sûrement l'air un peu cucul, un peu nunuche, un peu concon, mais ça me touche...
Alors à vous tous qui me lisez, le visage ensoleillé par la lumière de votre écran d'ordinateur, de votre tablette ou de votre smartphone, je vous dis 50768 fois... 
STEF!

Commentaires