107. Maurane à zéro.

Chers amis, vous reconnaitrez que je n'ai pas pour habitude de me laisser aller ici à des confidences outrageusement intimes. N'en prenez pas ombrage, mais ma pudeur naturelle (SI!) m'incite à réserver l'exclusivité de mes épanchements à mes bonnes copines, quel que soit leur sexe d'ailleurs. Hormis le chiffre, la 3D a ceci de supérieur au 2.0, que je peux agrémenter ces séances d'un solide excès de glucose qui, selon l'heure, prend la forme d'une débauche de pâtisseries ou d'un abus de Mojitos. Exceptionnellement des deux, si la teneur des propos le nécessite, ce qui est rarement bon signe. Mais comme le dit ma gynéco,  l'ovulation confirme les règles : aujourd'hui, j'ai des vaguelettes à l'âme alors sans Perrier ni crumpets (yummy!), tant pis, ça tombe sur vous.
Ce matin, pour accompagner ma tasse de Lapsang Souchong (rien à voir avec Alain), j'ai eu la bonne idée de lancer la playlist aléatoire de Marius, mon Asus (à l'occasion je vous présenterai aussi Mokthar, ma guitare et Fausto, mon vélo). Et voilà que sans prévenir Marius m'a balancé un vieux titre délavé au milieu du salon. Debout, la tasse de thé fumant à la main, j'écoute Maurane chanter Ce que le blues a fait de moi et c'est moi qui l'ai, le blues... A l'instar de son interprète, la chanson n'est pas impérissable. Sa voix en revanche... Marius s'improvise DJ. Il enchaine au hasard quelques morceaux de la playlist Maurane et soudain, la vaisselle, le Pôle Emploi, les cours de théâtre peuvent bien attendre un peu. Désœuvrée, je m'installe un moment dans mon fauteuil et me laisse envelopper par le ruban chaud et délicat de cette voix particulière. Que chacun se rassure, je ne vais pas me lancer dans un grand hommage.  Un tout petit peut-être. A la réflexion, je trouve dommage qu'elle en ait eu si peu, d'hommages. Ou bien j'ai mal lu. Ou bien je me trompe sur la définition du mot hommage. Quelques copines chanteuses du Star System sont rapidos venues témoigner de leur peine dans les médias, j'imagine que c'était très touchant, j'y ai malheureusement échappé. Je ne doute pas qu'elles en aient eu beaucoup de la peine, mais quel besoin d'aller l'étaler à la spatule et d'en rajouter une seconde couche sur les réseaux sociaux ? Oui, oui je vous entends : "Tu te passionnes pour le feuilleton Johnny, c'est pareil !". Ben non. Là, (je regrette de ne pas avoir de macaron pistache pour accompagner mon propos!), ça ne me semble pas pareil. Toute la vie de Johnny a été disséquée par les médias, depuis sa première cigarette jusqu'à son dernier détartrage, que sa mort  fasse l'objet du même voyeurisme me semble cohérent. Et puis la démesure, le sordide,  le pathétique c'est très romanesque tout ça (j'ajoute en passant qu'elle se fait un peu attendre la saison 2 de Johnny's Will !). Maurane elle, était discrète. Rarement en première page, on n'avait aucune idée de sa recette de macaroni préférée, ni de son lieu habituel de villégiature. Quand elle se confiait, la plupart du temps c'était dans ses chansons. Ça casse, Tu es mon autre, Différente quand je chante, Trop forte... D'ailleurs, si je me fie aux titres de sa discographie, je me dis que Maumau avait l'air de voir la vie moins en rose qu'en épines... Qu'on apprécie ou non ses œuvres importe peu. On ne peut pas nier la voix peu commune, la générosité et le talent de cette interprète (non mais L'autruche dans Emilie Jolie, quoi !). Je ne l'ai vue qu'une fois, c'était lors de sa tournée hommage à Nougaro, son mentor. Ces deux-là n'avaient pas qu'un prénom et une histoire en commun, ils avaient aussi le swing, l'humour et l'élégance. 
Maurane est partie partie trop tôt, sans prévenir... Elle laisse un vide dans ce drôle de truc indéfinissable qu'on appelle la variété qu'on aime et qu'on déteste à la fois. Elle laisse aussi un vide dans mon cœur d'artiste et de femme.
Dans mon salon, Maurane chante Je n'ai que ça. Cette chanson a fait un bide. En 2008,  Grégoire révisait ses maths avec Toi + moi. Moi non. Retourne à tes calculs Grégoire. Depuis 10 ans, j'écoute Maurane chanter que sa voix est ce qu'elle a de plus précieux au monde, sans fioriture, sans prétention. Chaque fois ça me bouleverse, et ce matin encore...
Sans transition, Marius change de playlist. A présent, Higelin entonne à tue-tête Poil dans la main. 
Tu fais chier Marius.

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